A l'occasion de la sortie aux États-Unis du DVD et du Blu-ray de For Greater Glory : The True Story Of Cristiada, nous vous confions nos premières impressions sur la musique de James Horner.
Le film de Dean Wright raconte le conflit armé qui opposa de 1926 à 1929 une rébellion qui souhaitait défendre l'Église catholique romaine à l'État mexicain, alors fortement anticatholique. Peu enclin à attirer les spectacteurs, ce sujet n'avait jamais été traité au cinéma. A sa sortie en juin dernier dans une poignée de salles américaines, la critique a descendu en flammes le long métrage en évoquant une réalisation peu inspirée, un scénario confus, une interprétation pataude des acteurs ou encore des incohérences historiques en faveur de l'Église. Certes ce film n'est pas exempt de défauts mais il faut bien lui reconnaître une énorme qualité : il se laisse judicieusement porter par la majestueuse et ambitieuse partition de James Horner.
En effet, de par sa présence et sa fougue, la musique illumine les actions des personnages, relève le niveau de la mise en scène et insuffle un caractère épique et émotionnel à l'ensemble. Pour atteindre ce résultat, le compositeur, soutenu dans ses choix par un réalisateur admirateur de son œuvre, s'est appuyé sur l'articulation de trois thèmes magnifiques qui se succèdent au fil des scènes et dominent ainsi de par leur grâce et leur puissance cinématographique les trois quarts de la partition.
Le premier expose toute sa beauté lors des premières secondes de l'album (Entre El Luz Y El Pecado), où Clara Sanabras chante un poème évoquant les fondements de la croyance religieuse. Celui-ci reviendra dès qu'un acte ou une pensée mettra en avant la foi. La mélodie oscillant entre gravité et légèreté est en osmose totale avec les paroles qui jouent elles aussi sur les contrastes : « Entre le ciel et la terre, entre la lumière et l'obscurité, entre la foi et le péché ». Ce thème s'épanouira totalement dans José’s Martyrdom, point culminant de la dramaturgie du récit, lors d'une adéquation bouleversante avec des images montrant le « chemin de croix » de l'un des personnages principaux.
A noter que ce morceau fut interprété par The Córdoba Orchestra lors du festival de Cordoue au début de l'été.
Le deuxième thème est associé à la Cristiada en tant que chapitre de l'histoire mexicaine mais également en tant qu'aventure humaine. Ces notes sont le prolongement d'un thème secondaire de Frères Du Désert (2002) qui apportait au film de Shekhar Kapur une certaine noblesse, un contrepoint idéal au thème principal romanesque et aux incantations de Rahat Nusrat Fateh Ali Khan. Une décennie plus tard, il nous revient dans For Greater Glory sous une forme plus développée et ornementé à chacune de ses apparitions aux couleurs différentes : grandiose à travers une envolée de l'orchestre lors de l'ouverture de l'album (Entre El Luz Y El Pecado), ou plus intime sous la flûte de Tony Hinnigan (Goro And Tula) quand des liens d'amitié se tissent entre les personnages. Une manière habile pour le compositeur de contraster avec la dimension religieuse sous-jacente du récit et de nous faire comprendre que la Cristiada était surtout une histoire d'hommes et de femmes qui vivaient ensemble avec un objectif commun : retrouver la liberté dont ils furent privés.
Enfin, de par sa structure composée de trois phrasés ascendants, le dernier thème agit comme un véritable moteur émotionnel auquel il est difficile de rester insensible. Héritage de la plénitude aérienne et céleste précédemment entendue dans Les Chroniques De Spiderwick (Coming Home) et Write Your Soul (Flight Demonstration Music), cette mélodie déploie ici encore sa dimension spirituelle et magique. La symbolique est identique, preuve de la cohérence de l’œuvre du compositeur. Il nous démontre une nouvelle fois que la richesse ne réside pas dans les apparences mais bien dans l'épanouissement de l'esprit. Les protagonistes du film luttent pour atteindre une élévation spirituelle et non pour la gloire. Au départ assez discret, ce thème grandit en même temps que l'histoire se développe et que le général Gorostieta (Andy Garcia) s'attache à la cause des Cristeros. Ainsi les versions finales du thème qui concluent Cristeros et Closing Credits constituent-elles des passages vibrants, témoins de la sincérité émanant des valeurs développées tout au long de l'histoire.
La plénitude et la complémentarité de ces trois thèmes ne doivent pas pour autant occulter le reste de la partition. Le morceau The Death Of Padre Christopher, du long de ses dix minutes où s'entremêlent rythmiques holstiennes (Mars), chants tragiques de Clara Sanabras et choeurs funestes, mettra sans doute à genoux l'auditeur peu préparé à prendre une telle claque sonore dès la deuxième piste de l'album.
De plus, le désert mexicain laisse la place à de nombreuses et honorables séquences de western durant lesquelles James Horner expose une musique d'action tendue et brutale, proche de celles déjà développées dans Les Disparues (Bullet On The Floor) et agrémentée pour l'occasion de soubresauts de guitares et d'invectives chorales rappelant quelquefois les voix guerrières Na'vis d'Avatar (We're Cristeros Now).
For greater music.
Finalement, face à tant de générosité de la part du compositeur, la qualité du film importe peu. Grâce à sa musique, ce dernier devient même une odyssée attachante, qui acquiert une dimension épique insoupçonnée à la vue des moyens filmiques déployés. Tout le pouvoir de la musique de film en somme, que James Horner s'évertue à entretenir avec le style et les convictions qui lui sont propres et qui le distinguent du tout venant de la musique de films.
Braveheart, Willow, Le Masque de Zorro… Certes les influences sont nombreuses et en dérouteront encore plus d'un. La migration perpétuelle des thèmes et des couleurs au sein de son œuvre existe notamment pour tenter d'obtenir un résultat toujours plus satisfaisant. Pas pour une plus grande gloire, mais pour une plus grande musique.
Finalement, face à tant de générosité de la part du compositeur, la qualité du film importe peu. Grâce à sa musique, ce dernier devient même une odyssée attachante, qui acquiert une dimension épique insoupçonnée à la vue des moyens filmiques déployés. Tout le pouvoir de la musique de film en somme, que James Horner s'évertue à entretenir avec le style et les convictions qui lui sont propres et qui le distinguent du tout venant de la musique de films.
Braveheart, Willow, Le Masque de Zorro… Certes les influences sont nombreuses et en dérouteront encore plus d'un. La migration perpétuelle des thèmes et des couleurs au sein de son œuvre existe notamment pour tenter d'obtenir un résultat toujours plus satisfaisant. Pas pour une plus grande gloire, mais pour une plus grande musique.
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