Crédit photo : © Etienne Walter
Après le choc émotionnel ressenti lors de la découverte de Pas de deux, après les jours magiques passés à Liverpool au mois de novembre 2014 en compagnie de James Horner, Hakon et Mari Samuelsen, il nous était difficile de résister à l'envie d'assister à la première mondiale de Collage, le concerto pour quatre cors.
Nous avons donc pris la direction de Londres à la fin du mois de mars 2015, enthousiastes et curieux de découvrir cette nouvelle œuvre de concert. En novembre, soit cinq mois avant la première, James Horner nous avait confié ne pas avoir commencé véritablement l'écriture de Collage, même s'il avait déjà quelques idées. Ainsi, contrairement à Pas de Deux dont la composition s'est étalée sur plusieurs années, celle de Collage fut beaucoup plus courte. Après Southpaw, le début de l'année 2015 fut consacré entièrement à la création de cette pièce.
[divider]27 mars 2015 – Royal Festival Hall[/divider]
10h30. L'équipe de James Horner Film Music attend patiemment le début de la répétition générale de Collage. Nous sommes une dizaine de privilégiés à pouvoir nous installer dans le magnifique Royal Festival Hall. Nous discutons avec Mari Samuelsen qui est également venue à Londres découvrir la pièce. Elle nous révèle en exclusivité la date du concert de Stavanger, première norvégienne de Pas de Deux, qui deviendra également le concert événement où James Horner dirigea pour la dernière fois sa musique.
Du cinquième rang, nous voyons arriver successivement les solistes Richard Watkins, David Pyatt, John Ryan et James Thatcher. Puis James Horner apparaît avec la partition de Collage sous le bras. En entrant dans la salle, il jette un œil discret vers le public présent, il nous aperçoit et nous salue avant de s’installer à quelques fauteuils de nous.
Contrairement aux répétitions de Pas de Deux, où nous avions tout d'abord entendu le final étourdissant du double concerto, nous découvrons ici directement la pièce dans son intégralité. Admirer les quatre cornistes placés devant l'Orchestre Philharmonique de Londres jouer à tour de rôle ou simultanément les notes pensées pour eux par James Horner fut une expérience unique que l'écoute du disque ne pourra pas reproduire.
Du cinquième rang, nous voyons arriver successivement les solistes Richard Watkins, David Pyatt, John Ryan et James Thatcher. Puis James Horner apparaît avec la partition de Collage sous le bras. En entrant dans la salle, il jette un œil discret vers le public présent, il nous aperçoit et nous salue avant de s’installer à quelques fauteuils de nous.
Contrairement aux répétitions de Pas de Deux, où nous avions tout d'abord entendu le final étourdissant du double concerto, nous découvrons ici directement la pièce dans son intégralité. Admirer les quatre cornistes placés devant l'Orchestre Philharmonique de Londres jouer à tour de rôle ou simultanément les notes pensées pour eux par James Horner fut une expérience unique que l'écoute du disque ne pourra pas reproduire.
[divider]Un flux incessant de notes[/divider]
Voilà l'impression première qui ressort de nos écoutes privilégiées de Collage. Les notes défilent continuellement dans nos oreilles comme le cours d'une rivière le ferait devant nos yeux. La structure de la pièce joue beaucoup dans cette impression. Construit comme une montée en puissance, les minutes passent et la musique semble devenir de plus en plus dense et "inarrêtable". Ainsi quand la dernière note finit de résonner, quelques secondes sont nécessaires pour s'habituer de nouveau au calme et au silence. Vingt et une minutes sans temps mort, proposant une succession, un collage, d'où le titre de la pièce, de cellules musicales qui s’enchaînent, se répondent, dévoilant au fil des minutes une structure complexe basée sur la juxtaposition et la filiation de motifs et de couleurs.
Collage s'ouvre sur soixante secondes à la beauté émouvante créée via l'interprétation successive par les quatre cors d'une phrase musicale cousine du thème sentimental de The Perfect Storm, œuvre orchestrale gargantuesque où le cor était déjà un personnage à part entière. Puis deux pianos, un célesta et un xylophone lancent la dynamique de la pièce comme au début de Pas de Deux. Dans les premières minutes délicates de Collage, les transitions entre les différents apparitions des cors sont assurées par les cordes et les bois qui nous remémorent le recueillement du magnifique A Shore Never Reached (Back To Titanic). L'une de ces transitions aboutit à un élan orchestral de toute beauté proche de ceux entendus dans Pas de Deux. Les cordes belles et sensibles s'articulent avec les couleurs cuivrées et apportent une respiration essentielle, une touche romantique bienvenue. Les bois virevoltants et espiègles ajoutent une ornementation virtuose. De ce tableau impressionniste émerge vers le milieu de la pièce une minute pastorale somptueuse, une des plus belles écrites par le compositeur, composée d'une succession sublime de solos de cor qui nous replongent dans les forêts de The Spitfire Grill et d'Iris.
Lentement mais sûrement, la pièce s’engouffre dans un tourbillon de notes dont les teintes rappellent parfois An American Journey de John Williams. Toutefois Collage est bel et bien écrit par James Horner et s'impose comme une synthèse de toutes les interventions du cor rencontrées dans son œuvre depuis 35 ans. Les solos de cor sont au cœur de la structure de l'œuvre, leur juxtaposition en est l'essence.
Le dernier tiers de la pièce propose un véritable déchaînement mélodique : les développements et variations deviennent jouissifs, entraînants et aériens. Les transitions bois/cordes se font de plus en plus dynamiques et rappellent l'urgence et la tension conclusive de The Spitfire Grill (A Desperate Decision). Les cors sont fiers et joyeux, les cordes se vivifient, les trombones vrombissent, les percussions s'illustrent par leur clarté. Cet ensemble amorce le bouquet final de Collage, génial crescendo percutant, enivrant et énergique qui se conclut par une vague de chime étincelante et libératrice.
Collage s'ouvre sur soixante secondes à la beauté émouvante créée via l'interprétation successive par les quatre cors d'une phrase musicale cousine du thème sentimental de The Perfect Storm, œuvre orchestrale gargantuesque où le cor était déjà un personnage à part entière. Puis deux pianos, un célesta et un xylophone lancent la dynamique de la pièce comme au début de Pas de Deux. Dans les premières minutes délicates de Collage, les transitions entre les différents apparitions des cors sont assurées par les cordes et les bois qui nous remémorent le recueillement du magnifique A Shore Never Reached (Back To Titanic). L'une de ces transitions aboutit à un élan orchestral de toute beauté proche de ceux entendus dans Pas de Deux. Les cordes belles et sensibles s'articulent avec les couleurs cuivrées et apportent une respiration essentielle, une touche romantique bienvenue. Les bois virevoltants et espiègles ajoutent une ornementation virtuose. De ce tableau impressionniste émerge vers le milieu de la pièce une minute pastorale somptueuse, une des plus belles écrites par le compositeur, composée d'une succession sublime de solos de cor qui nous replongent dans les forêts de The Spitfire Grill et d'Iris.
Lentement mais sûrement, la pièce s’engouffre dans un tourbillon de notes dont les teintes rappellent parfois An American Journey de John Williams. Toutefois Collage est bel et bien écrit par James Horner et s'impose comme une synthèse de toutes les interventions du cor rencontrées dans son œuvre depuis 35 ans. Les solos de cor sont au cœur de la structure de l'œuvre, leur juxtaposition en est l'essence.
Le dernier tiers de la pièce propose un véritable déchaînement mélodique : les développements et variations deviennent jouissifs, entraînants et aériens. Les transitions bois/cordes se font de plus en plus dynamiques et rappellent l'urgence et la tension conclusive de The Spitfire Grill (A Desperate Decision). Les cors sont fiers et joyeux, les cordes se vivifient, les trombones vrombissent, les percussions s'illustrent par leur clarté. Cet ensemble amorce le bouquet final de Collage, génial crescendo percutant, enivrant et énergique qui se conclut par une vague de chime étincelante et libératrice.
[divider]Instants précieux[/divider]
La répétition s'est prolongée ensuite une trentaine de minutes sur quelques passages relevés par James Horner et Jaime Martin. Des petits détails car l'essentiel des ajustements avaient été réalisés la veille au Henry Wood Hall. A la fin de la répétition nous avons pu partager quelques mots avec le compositeur et le chef d'orchestre et prendre des photos pour immortaliser ces instants précieux.
L'après-midi nous avons retrouvé le corniste David Pyatt pour une interview (en anglais) que vous pouvez lire en suivant ce lien :
Le concert a été l'occasion d'échanger encore quelques mots avec le compositeur. A la fin de l'interprétation, il s'est dirigé très ému vers la scène pour recevoir les applaudissements du public.
Le lendemain soir, alors que nous profitions de notre dernière soirée à Londres, le téléphone sonna… James Horner ! Il nous demanda nos impressions sur le concert de la veille. La conversation dura 15 minutes. Le temps de nous autoriser à le rejoindre aux répétitions de Titanic Live qui avaient lieu un mois plus tard, et de nous remercier d'être venus pour écouter sa musique. Ce fut la conclusion magique d'un séjour inoubliable.
[divider]The recording[/divider]
Le 30 mai, l'Orchestre Philharmonique de Londres, les quatre cornistes, Jaime Martin et James Horner étaient une nouvelle fois réunis pour enregistrer Collage. Simon Rhodes était chargé du mixage.
C'est la dernière musique que James Horner enregistra…
C'est la dernière musique que James Horner enregistra…
John Ryan, Richard Watkins, David Pyatt, Jaime Martin et James Thatcher durant l'enregistrement de Collage le 30 mai 2015
Photo de Mark Templeton