Son père étant très mélomane, James Horner grandit entouré de musique classique, et se retrouve devant un piano à l'âge de 5 ans. C'est vers l'âge de 10-11 ans qu'il décide de devenir compositeur.
« Je me souviens distinctement quand ce moment est arrivé: j'ai écouté, à l'école (ndlr : probablement la Holland Park School de London), le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven. Je connaissais déjà cette pièce, mais pour je ne sais quelle raison elle m'a particulièrement frappé et étourdi ce jour-là. Quand je suis rentré chez moi je l'ai écouté à nouveau, peut-être 20 fois, et c'est ce jour là où j'ai décidé que je voulais composer. » 1
« Mes capacités musicales ont poussé mon père à m'inscrire en premier cycle au Royal College of Music de Londres, où nous vivions alors. J'étais très intimidé à l'idée d'entrer dans cette honorable institution. Quand j'ai vu sur la brochure le nom des anciens élèves (Benjamin Britten, Colin Davis, Gustav Holst, John Ireland), je me suis demandé si j'avais la capacité de suivre de telles études. Mais l'environnement chaleureux et créatif a vaincu mes appréhensions. Je me suis totalement épanoui et j’ai découvert un goût pour la composition et la direction d'orchestre. » 2
« Je suis allé au Royal College of Music où j'ai travaillé sur ce que tout le monde étudiait : Bach… Mais dans ma tête j'étais complètement ailleurs, j'écrivais des requiems de messes et je réfléchissais à des arias, à d'autres mondes musicaux. J'ai quitté cette école après ma deuxième année » 3
Il se rend alors à la Hochschule für Musik de Hambourg où il aura comme professeur le célèbre compositeur hongrois Gyorgy Ligeti, dont la musique à l'époque est utilisée dans le film de Stanley Kubrick, 2001 l'odyssée de l'espace (1968). Trois extraits de son oeuvre visionnaire parsèment l'espace métaphysique du réalisateur américain: le Requiem pour soprano, mezzo-soprano, deux choeurs mixtes et orchestre (qui fait office de thème pour le monolithe, dont on percevra notamment l'influence dans le conclusion de Death of Titanic (Titanic, 1997), James Horner renouvelant cette approche sans concessions de la mort, pleine de fureur et de terreur), Lux Aeterna et Atmosphères (qui accompagne Dave Bowman au cours de son voyage dans une autre perception de la réalité). Pas de hasard dans cette rencontre essentielle dans l'itinéraire du jeune James.
« J'ai pris des congés et je suis allé à Hambourg pour étudier avec György Ligeti. Nous n'étudiions pas tellement sa musique, mais plutôt la musique de la Renaissance (ndlr : Thomas Tallis) qui était une de nos passions communes. Lux Aeterna, son requiem ou d'autres pièces de Ligeti sont mises ensemble d'une manière que j'admire beaucoup, d'une manière très traditionnelle qui finit par sonner très atonal. Lorsque nous avons entendu Lux Aeterna et les autres morceaux dans 2001, ils étaient considérés comme de l'avant-garde, mais ils ont été assemblés comme des pièces de la Renaissance et la sonorité de Ligeti était très similaire. J'étais intrigué par cela et c'est pour cela que j'ai étudié avec lui. J'étais aussi très intéressé par l'étude de Benjamin Britten, Prokofiev, de toutes ces choses étranges qui me plaisaient mais qui ne correspondaient pas à la substance enseignée au collège. » 3
« Je suis retourné en Californie pour obtenir un poste de professeur et obtenir mon doctorat. » 4
« Je me disais que si j'arrivais à décrocher un poste dans l'enseignement aux Etats-Unis, on m’accorderait plus facilement des bourses, des subventions et des fonds pour faire jouer mes œuvres. » 5
« Et bien qu'ayant grandi en Angleterre, j'ai eu l'impression qu'il était plus pragmatique d'obtenir un diplôme américain; les choses étaient mornes du point de vue académique au Royaume-Uni, et donc j'ai obtenu un diplôme américain d'études supérieures. » 6
« J'ai fréquenté l'école pendant le dernier souffle du modernisme. L'accent était placé sur l’avant-garde de la musique du 20e siècle, de Arnold Schoenberg à ces chefs de file comme Luciano Berio, Ligeti, et Witold Lutoslawski. La musique post-romantique était considérée comme désespérément ringarde. Nul n'étudiait Richard Strauss. Pourtant je me souviens de Jamie se promenant avec la Symphonie alpestre de Strauss sous son bras. Il était plus intelligent que tout le monde. » 7
« J'ai travaillé très dur sur ce morceau, à le diffuser, à l'envoyer à toutes sortes de personnes, à trouver un orchestre pour le jouer, un endroit pour l'exécuter. Je suis allé à Indianapolis où il fut difficile d'obtenir un temps de répétition. Après tout ce travail accompli pour un soir, on se dit à soi-même : « Et maintenant? ». Ce morceau m'a donné un tel sentiment d'avoir eu un impact uniquement sur les quatre cents personnes présentes dans le public. Certes il a été très bien reçu, mais il n'a pas eu d'impact – je ne pouvais pas obtenir une autre performance. Il était trop cher parce qu'il exigeait un grand orchestre, et de plus c'était un morceau moderne et il y avait beaucoup de choses qui allaient contre l'écriture des pièces modernes. » 8
« La salle presque vide ébranla ma foi dans la musique contemporaine et son impact sur le public. C'est alors qu'on vient me demander d'écrire la musique d'un film d'étudiant. » 2
1 – Titanic Live – Souvenir Programme – Pierre O'Reilly – Avex Classics International Production, page 48
3 – International Film Music Symposium – 02 octobre 2013
Crédits photo :
Harry Horner : © McCarthy, Todd; Charles Flynn – Kings of the Bs (1975)
James Horner – 1971 : © Richie Greenberg – Alumni James Horner Memorial – Verde Valley High School
Couverture du récital : © USC Thornton School of Music