En attendant la vision du film qui nous permettra d'écrire une analyse complète de la dernière composition de James Horner, nous proposons de vous confier notre ressenti après plusieurs écoutes du disque, mais sans toutefois entrer trop dans les détails afin de ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Après plus de cent albums, James Horner arrive encore à nous étonner en livrant une partition variée, riche et rafraîchissante. A la fin de la première écoute, une envie simple et évidente nous submerge : réécouter une nouvelle fois les quatre-vingt minutes contenues sur le disque pour en apprécier encore plus toute la variété, la finesse et la construction narrative.
Variété car le compositeur réussit à regrouper une immensité de couleurs musicales. A l'image du glorieux thème de « l'Homme araignée » qui sera présenté à chaque fois d'une façon originale, les vingt-deux pistes de l'album apportent chacune à leur tour un contenu nouveau créant un environnement sonore hallucinant de richesse : voix solo d'enfants, d'hommes, de femmes, chœurs angéliques pour les débuts du super héros ou massifs pour les combats avec le Lézard, claquements de doigts, petites clochettes, guitare sèche, guitare électrique, ensemble de percussions réelles ou électroniques arrangées par Simon Franglen (Avatar), profusion de pianos martelés ou solos de piano intimiste, cordes élégiaques, sombres ou vivaces, cuivres solennels ou tonitruants… Le résultat est une concentration dense et cohérente d'éléments musicaux éclectiques, somme de trente-quatre années passées au service de l'image et de la musique.
Finesse car où nous aurions pu attendre légitimement, film de super héros oblige, une musique imposante, généreuse en morceaux d'action, James Horner, égal à lui-même, arrive à proposer, dès que l'occasion le permet au milieu du chaos urbain, des moments doux et subtils à l'orchestration cristalline et épurée. La beauté héritée d'Un Homme D’Exception, partition très présente notamment à travers une reprise du motif au piano de Playing A Game Of Go, plane à plusieurs reprises sur The Amazing Spider-Man et lui apporte une fragilité touchante, difficile à imaginer au départ pour un film de ce type. Pas de fanfare lourde ou d'orchestrations massives étalées sans répit, les nuances priment à travers la palette infinie du compositeur. D'ailleurs tout comme les quatre notes associés à John Nash en 2001 dans le film de Ron Howard pouvaient passer de la lumière à l'obscurité, le thème romantique et éclairé qui lie Peter Parker à Gwen Stacy (Rooftop Kiss) semble également posséder un côté sombre, tragique associé au docteur Curt Connors. Rien ne semble ainsi artificiel ou proposé à nos oreilles sans motif valable, et la vision du film révélera sans doute le sens caché des trésors de finesse dont recèle l'album.
Enfin, construction narrative car comme il le fait souvent, James Horner pense chaque morceau de son album comme un tableau. Chacun possède une construction limpide et attrayante évitant ainsi à la fois de perdre l'auditeur et de créer l'ennui. Ces tableaux s’enchaînent comme dans une galerie d'art, dont la cohérence a été mûrement réfléchie, la progression de l'histoire est facilement repérable. Le compositeur ne s'éparpille pas et nous raconte précisément chaque étape du récit. La première piste pose les bases en nous présentant le thème du héros, le motif au piano, le thème sentimental. Les suivantes accompagnent avec vitalité (Becoming Spiderman) et humour (Playing BasketBall) la mise en place des personnages et de l'histoire, les enjeux de l'intrigue se mettent ensuite en place au milieu de l'album en développant chacun des éléments précités (Briefcase, The Equation). Puis un virage inéluctable est engagé avec le déchirant Ben Death et l'oppressant Peter Suspicions. Tout doit alors se régler lors des combats dantesques portés par le trio Lizard At School / Saving NewYork / Oscorp Tower. Quatorze minutes épiques qui valent le détour. Enfin James Horner conclue l'exposition par une tendresse bienvenue ("I Can't See You Anymore") afin de nous réconforter des péripéties affrontées.
The Amazing Spider-Man s'impose comme une musique aux multiples promesses. Elle tisse autour de l'auditeur une toile à laquelle il est difficile de s'échapper.
Note : L'album sera en téléchargement à partir du 25 juin sur qobuz.
Deux nouveaux clips ont été dévoilés ces derniers jours.
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