LES VOIX DE LISBETH SCOTT

 
 
Décidément, chez James Horner Film Music nous aimons bien les voix. Après Sally Stevens et Dhafer Youssef, c'est au tour de la chanteuse Lisbeth Scott de nous parler de son parcours et de ses rencontres avec James Horner.
Depuis quelques années, votre nom est associé à des films célèbres, tels que Munich, Transformers, Shrek… Comment êtes-vous arrivée dans le monde de la musique de films ?
Tout à fait par hasard, en fait. J’ai grandi aux côtés d’une sœur ballerine célèbre, passant des heures entières, au fond des salles de théâtres, à observer ses répétitions et représentations. J’ai parallèlement étudié le piano depuis l’âge de six ans. L’année de mes 18 ans, ma sœur s’est dit que j’apprécierais de jouer de la musique pour des cours de danse, alors j’ai tenté l’expérience et à vrai dire j’ai adoré la combinaison de l’élément visuel et de la musique. J’ai commencé à faire des essais avec ma voix pendant que j’accompagnais des cours et les gens ont adoré ça. Je n’imaginais pas à ce moment-là que j’étais capable de chanter. Une expérience dans une troupe de danse moderne de Los Angeles m’a exilée vers l’ouest, et c’est là que le compositeur Jeff Rona m’a entendue chanter et jouer du piano, lors d’un cours de danse qui se déroulait juste à côté de celui qu’il accompagnait lui-même. Il venait tout juste de commencer à travailler avec Hans Zimmer en tant qu’assistant et il m’a approchée à la fin du cours pour me dire que ce dernier recherchait une voix semblable à la mienne pour le film Toys. Je lui ai demandé qui était Hans Zimmer ! C’est ainsi que tout a commencé. Après cela, j’ai enchainé les contrats et j’ai très vite sorti mon premier album, j’ai commencé à écrire des chansons pour des films et à chanter pour quelques uns des meilleurs compositeurs du moment.
 
 
Quand la rencontre artistique avec James Horner a-t-elle eu lieu ?
Au cours du dernier mois de travail sur la musique d’Avatar, mon ami Simon Rhodes, des studios Abbey Road, enregistrait pour James, qui recherchait une voix particulièrement émotive et plaintive pour une partie bien spéciale de sa musique. Il a suggéré mon nom auprès de Jasper Randall et celui-ci a organisé une rencontre, qui fut pour moi inoubliable. J’espère que James pense la même chose !
 
Plusieurs vocalistes ont participé à Avatar. Quelle a été l’étendue de votre interprétation ?
James avait une vision merveilleuse quant au son de la musique, qui impliquait de nombreux styles vocaux provenant du monde entier. Il a utilisé ma voix de différentes manières, dans une texture à la fois haute et angélique, épaisse, basse et forte. Il a également eu recours à la tessiture la plus importante de ma voix, celle qui comporte des accents orientaux, dans une gamme que je ne pensais pas pouvoir atteindre.
 
En ce qui vous concerne, comment se sont déroulées les sessions ? Combien de temps cela a-t-il pris ?
Les sessions se sont merveilleusement bien passées, elles duraient entre deux et trois heures à chaque fois. James a une façon fantastique de travailler, qui autorise une créativité des plus fluides. Il s’asseyait près de moi au piano, le micro était disposé quelques mètres en arrière et Simon pressait le bouton « enregistrer ». Entre les prises, nous évoquions ce qui fonctionnait ou pas et quelle direction nous pourrions prendre.
 
Dans le livret du CD, James Horner a dit qu’il n’avait jamais travaillé aussi étroitement avec un groupe de musiciens auparavant. Pouvez-vous en dire autant de votre collaboration ?
En effet, c’était très intime. James montre beaucoup de considération et de respect pour le processus créatif. C’est un véritable artiste.
 
Avez-vous des anecdotes à propos des enregistrements d’Avatar ?
Lors des sessions, j’ai débuté très discrètement et de manière attentive. Je voulais prêter une attention toute particulière à ce que James essayait d’accomplir avec ma voix. Cette façon de procéder finissait par être aussi amusante qu’une virée sur des montagnes russes. James n’arrêtait pas de me demander calmement si je pouvais en faire plus, si je pouvais aller plus haut avec ma voix, si je pouvais la débrider un peu. A la fin, j’en riais aux larmes tellement je reconnaissais à peine les sons qui émanaient de ma bouche. C’est toujours tellement exaltant quand quelqu’un vous pousse délicatement au-delà des limites que vous vous auto-imposez.
 
Comment vous êtes-vous retrouvée impliquée dans The Amazing Spider-Man ?
A la dernière minute, le réalisateur hésitait le choix qu’il avait fait pour l’utilisation d’une chanson dans un segment du film, et il a demandé à James d’essayer quelque chose. Simon et James m’ont appelée et m’ont demandée si j’étais disponible pour participer à certaines séquences plus tard dans la journée. Ce qui tombait bien car je revenais tout juste de New York et j’étais sur place pour la semaine. Je me suis donc rendue au studio, et c’était parti !
 
Quels étaient les souhaits et les approches de James Horner sur cette partition ?
Tout ce que je peux dire, c’est ce que nous avions évoqué ce jour-là ensemble : il voulait quelque chose de pur et de presque classique, qui puisse capter et provoquer une profonde émotion.
 
Comment décririez-vous le score de The Amazing Spider-Man ?
Epique, moderne, avec des modulations et des progressions à la Richard Strauss, intégrées dans une orchestration contemporaine. En d’autres termes, vraiment brillant !
 
Parmi tous les compositeurs avec qui vous avez collaboré, lequel est le plus exigeant ?
Je dirais John Williams. Pour Munich, il m’avait dit sans détour qu’il voulait enregistrer le solo en direct avec l’orchestre… j’avais presque eu une crise cardiaque. Mais j’ai réalisé à quel point cela pouvait être brillant : le résultat était tout simplement épatant. Je tremblais littéralement pendant l’enregistrement, en raison de l’intense énergie provenant des musiciens autour de moi, et c’est toute cette énergie qui a inspiré l’une de mes meilleures interprétations.
 
Etes-vous amatrice de musiques de films ?
Oh que oui ! Par de nombreux aspects, la musique de films est la musique classique d’aujourd’hui et j’adore en écouter.
 
Ecoutez-vous les albums des bandes originales dans lesquelles vous chantez ?
Oui, j’écoute parfois les scores auxquels j’ai participé. C’est quelques fois difficile parce que ce faisant, je commence à critiquer mon interprétation. C’est stupide, mais beaucoup d’artistes sont ainsi, je ne fais pas exception.
 
Quelles sont vos musiques de films préférées ?
Oh, il y en a tellement… J’aime beaucoup Orgueil Et Préjugés et Reviens-Moi de Dario Marianelli (son écriture pour piano est divine), Mémoires D’Une Geisha de John Williams, La Passion Du Christ de John Debney, Kingdom Of Heaven de Harry Gregson-Williams, ainsi que la musique de Patrick Doyle pour De Grandes Espérances et celle de Thomas Newman pour American Beauty. Et bien sûr le travail de Nathan Barr pour Trueblood que je trouve tout simplement brillant.
 
Merci à Lisbeth Scott pour sa disponibilité et le temps consacré à nos questions. Nous vous invitons à visitez son site officiel www.lisbethscott.com mais également son « Forgotten Dream Project » qui soutient les femmes dans le besoin à Los Angeles, www.hopeisathing.com
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