APERÇU EXCLUSIF DE LA NOUVELLE ÉDITION DE TROY ÉDITÉE PAR INTRADA

Treize ans après la sortie du film, un double CD en édition limitée du score épique de James Horner pour Troy est dès à présent disponible chez Intrada.
En 2004, lorsque Horner fut annoncé comme le compositeur de Troy réalisé par Wolfgang Petersen, un autre compositeur était déjà à l’œuvre sur la musique du film depuis plus d’un an. Mais après que deux publics de séances-test qualifièrent le score de « vieillot », la production se tourna vers James Horner, qui avait auparavant composé la musique de The Perfect Storm (2000) du même réalisateur, pour écrire une nouvelle partition.
Le défi était considérable, puisqu’Horner n’avait qu’une dizaine de jours pour composer et enregistrer sa partition. Avec plus de deux heures de musique dans le film, certaines décisions artistiques devaient être prises pour tenir les délais, comme conserver la contribution des voix féminines bulgares, portées par la soliste Tanja Tzarovska (Passion of The Christ). Dans le même esprit, Horner et son équipe ont eu à choisir quels morceaux pourraient bénéficier d’un développement orchestral complet, et quels morceaux s’en passeraient en s’appuyant à la place sur l’électronique.
Horner a compose une partition à grande échelle, avec des passages grandioses, appuyant avec emphase le destin d’Achille, mais en essayant avec sa musique de ne pas faire de choix entre les belligérants, les Grecs et les Troyens. Horner bâtit son score autour de quelques thèmes principaux, le plus évident étant le love theme pour Achille et Briséis, sans conteste l’un des plus beaux atouts de la partition, utilisé également dans la chanson du générique de fin, Remember Me (Souviens-toi de moi), interprétée par Josh Groban et Tanja Tzarovska, sur des paroles de Cynthia Weil (An American Tail). Il y a ensuite le thème tragique d’Achille, pleinement développé dans les pistes finales de la partition.  Une espèce de fanfare est associée à la ville de Troie. D’autres motifs ponctuent le score, comme le triolet qui accompagne les scènes de guerre, et on retrouve le fameux « Danger motif » de Horner  qui rythme et emplit la partition et enfin les voix féminines qui évoquent le Chœur antique, un choix à la fois malin et à propos.
Dans une interview sur Troy inédite en anglais que nous publierons à la suite de cet article, James Horner affirme: “Il y a toujours une forme d’excès dans les avis, les attentes et les résultats. Y compris pour moi. Troy, c’est de l’aventure, du muscle et de l’amour.” Certes le contexte de composition et le support filmique n’a pas permis à Troy de devenir une partition atteignant le niveau de Braveheart, la profondeur d’Enemy At The Gates ou la subtilité de The Four Feathers, mais elle réserve toute de même de beaux passages et ses couleurs lui assure un caractère unique : la générosité des cuivres nous propulse sur le champ de bataille, les incantations de feu de Tanja Tzarovska nous font sentir la dureté du conflit, les chœurs ajoutent une touche de mythologie… Bref, malgré ses limites Troy possède les couleurs du sang, du soleil, du sable et de la Grèce Antique et rien que pour cela c’est un bel exploit.
 
Pour la première fois, la nouvelle version étendue qui sort aujourd’hui chez Intrada propose presque deux heures de musique issues de la double piste issue des masters digitaux des sessions d’enregistrement, recoupant les morceaux du CD d’origine (à l’exception de deux d’entre eux, indisponibles à la licence) en plus de versions allongées et de morceaux jusqu’ici inédits. La présentation est superbe, avec un bel essai sur le score signé John Takis en lieu et place de la traditionnelle description morceau par morceau, que nous tentons ci-dessous. Avec son lot de photos du film et de graphismes évoquant la Grèce antique dans le livret, Troy bénéficie d’un écrin fantastique à l’intérieur comme à l’extérieur, avec la partition présentée uniformément sur deux disques, totalisant chacun 14 morceaux.
Après re-visionnage du  film et réécoute de l’album original, la piste manquante s’avère être la piste deux de l’album original, Troy, alors que le film offre une version longue de ce morceau. Dans le montage original du film, le solo de bois qui ouvre le morceau Troy sur l’album original se fond avec un passage doux interprété par les cordes synthétiques. Cette version allongée ne figure pas sur le nouvel album. Le montage du film ‘Director’s cut’ de 2007 réaménage complètement la partition et la remplace dans de nombreuses scènes avec d’autres musiques, allant jusqu’à remplacer la chanson Remember par la version étendue de la piste Troy qui se déroule sur tout le générique de fin. Comme les notes du livret ne propose pas d’explication sur le pourquoi de l’indisponibilité de ce morceau pour la présente édition, cela pourrait être dû au fait que le morceau emprunte largement au Dies Irae du War Requiem composé par Benjamin Britten.
 
A propos du mixage de cette nouvelle édition, le rendu sonore global de la partition semble avoir  une dynamique accrue, du fait que la source provient des prises digitales double-piste préparées pour le film. L’album original avait un son plus agressif, mais rien à voir avec la compression devenue habituelle dans la musique aujourd’hui. Cette nouvelle édition respecte davantage le son du studio d’enregistrement, plus ouvert, plus chaud. De nombreuses pistes ont été interprétées par des cordes synthétisées, par les cuivres et par les percussions, elles nous révèlent ce que James Horner pouvait être capable d’accomplir pour achever une musique de remplacement dans des délais si courts, en réservant l’orchestre au complet pour les moments d’action et de grandeur les plus épiques . Ce procédé permet d’économiser le temps et les synthétiseurs fonctionnent assez bien pour créer un sentiment de malaise et de tension entre les moments de grandiloquence et de grande échelle.
 
 
Et voici la description exclusive à JHFM des chacun des morceaux de ce double CD de Troy :
 
Disque 1 :
1. “Armies Approach” (“3200 Years Ago” sur l’album original était une version condense de cette piste): ouverture avec des percussions au martèlement plus prononcé and des solos vocaux de Tanja Tzarovska.
 
2. “Call for Achilles” s’ouvre sur une percussion rythmique qui accompagne une scène de combat où les armes s’entrechoquent, tandis que la foule chante pour qu’Achille apparaisse. Très lourd synthé, mélangé avec le chœur. Ici, les trois premières notes du thème d'Achille servent de base pour que le thème se déploie quand le moment est venu.  
 
3. “Feast Source” est exactement une musique de source pour fête, avec la participation du vétéran de l’équipe hornerienne Eric Rigler aux vents, pour une danse à la mélodie rythmique répétitive très simple qui évoque l’antiquité.
 
4. “Brothers At War”  s’ouvre sur le fameux motif à quatre notes joué aux cordes synthétisées. Encore une preuve que Horner utilisa beaucoup les synthés pour simuler les  cordes, histoire de gagner du temps, dans des délais si contraints, par rapport à un enregistrement avec orchestre.
 
 
5. “Never Hesitate” est la première piste pleinement orchestrale de la partition, une merveilleuse introduction au thème héroïque complet d’Achille tandis que celui-ci s’entraîne avec son cousin Patrocle et alors que son ami Ulysse arrive pour discuter de la guerre imminente.
 
6. “Dawn Alarm” constitue la première partie de la piste "The Temple of Poseidon" sur l’album original.
 
7. “The Myrmidons” comporte une toute nouvelle ouverture,  avec des cordes  synthétiques, des percussions et le chœur, accompagnés avec une cloche qui imite le glas. Le morceau tel que nous le connaissions sur l’album original commence vers la deuxième minute et se déroule ensuite de la même façon.

8. “The Temple Fight” débute sur un chaos de percussion qui mène à la version étendue de la piste “The Temple of Poseidon” de l’album original. L’extension est constituée de lignes synthétiques de cordes et de cuivres qui  sont étirées avant le final massif du morceau.
 
9. “Briseis Taken” propose des martèlements de tambours puis une brève apparition du love theme joué par les cordes synthétiques et les cuivres.
 
10. “There Won't Be a War” continue avec les cordes synthétiques pour souligner un passage plus calme mais tendu. Les solos d’instruments à vent de Tony Hinnigan viennent s’ajouter.
 
11. “River Styx and the Gates of Troy” présente les mêmes cordes synthétiques et le chœur que l’ouverture de morceau  “Armies Approach”, cette fois sans les lourdes percussions.  
 
12. “The Greeks Invade” reprend la progression de la tension de l’ouveture de la piste "The Greek Army and its Defeat" de l’album original et s’enchaîne sur la piste "The Night Before" de l’album original. C’est là la version originale telle qu’elle a été composée et non pas les montages de l’album de 2004.
 
13. “A Trojan Victory” est dans sa majorité constitué de la seconde partie du morceau "The Greek Army and its Defeat" de l’album original mais avec une séquence d’ouverture entièrement différente qui illustre les plaisanteries initiales entre Hector et Agamemnon, et la lutte ultérieure entre Hector et Ménélas. Cette séquence d’ouverture propose des cordes synthétiques plus sombres et des percussions, ce qui augmente la tension jusqu’à ce qu’arrivent les chœurs. Lorsque les cordes basses s’effacent, le morceau passe à la musique telle que nous la connaissons dans le morceau de l’album original, mais avec un éclat dissonant et énergique du motif de quatre notes.
 
14. “Achilles saves Briseis” est la version longue du morceau "Achilles and Briseis" de l’album original, avec une fanfare emballante jouée par les cuivres avec des tambours battant. Cette nouvelle ouverture accompagne le sauvetage de la prisonnière Briséis par Achille alors qu’ils font face aux assauts des gardes d’Agamemnon. Ce morceau conclue le disque 1.

Disque 2:
Trojan Council” utilise les cordes synthétiques dans un registre plus aigu, rejointes par les solos de vents de Tony Hinnigan sur le love theme exposé dans “Achilles saves Briseis”. Jusqu'à ce moment, l'utilisation des cordes synthétiques avait pour but de donner une sensation beaucoup plus tendue et sinistre.
 
“Mistaken Identity” (Trojans Attack) est la même piste que sur le CD original, ‘The Trojans Attack’, une puissante fanfare de cuivres marquant le combat entre Hector et Patrocle, qui s’était déguisé en Achille.
 
“Hector Instructs Wife” commence par des cordes synthétiques tremblantes avant de devenir plus amples dans leurs tons, rejointes par des cuivres synthétiques et le chœur.
 
 
“Hector Suits Up” est composé de cordes synthétiques sombres, de percussions et de la voix.
 
“Hector's Farewells” est une interprétation aux cordes synthétiques calmes.
 
“Single Combat” est une version rallongée de la piste “Hector’s death” du CD original, une batterie de synthé et des percussions marquant le duel final entre Hector et le véritable Achille, qui cherche à se venger de la mort de son cousin. Tanja Tzarovska commence à chanter lorsqu’Achille porte le coup fatal à Hector, puis traîne son corps à la vue des Troyens dévastés. Ici, ses voix agissent comme pour imiter les pleurs des Troyens qui sont forcés de voir leur prince traité avec un tel déshonneur.
 
“Priam Pleads” continue les cordes synthétiques entendues précédemment dans "Hector's Farewells", cette fois jointes par le solo vocal.
 
Priam Takes Briseis” est une version douce du love heme, joué aux cordes synthétiques auxquelles s’adjoignent les bois de Tony Hinnigan sur la mélodie.
 
“Hector's Funeral” est en fait le partie chorale qui ouvre le morceau "The Wooden Horse and The Sacking Of Troy" de l’album original, mais qui est désormais présenté séparément.
 
Le reste du morceau, en version allongée, se poursuit dans "The Wooden Horse ". Environ 3 minutes après le début du morceau, un motif bref à la trompette illustre l’embuscade d’un vigile Troyen qui a été témoin de la tromperie derrière l’origine du Cheval de Troie, un passage inédit par rapport à l’album.
 
 
“The Sacking of Troy and End Credits” est la nouvelle appellation de la piste  "Through The Fires, Achilles…and Immortality" de l’album original. L’ultime piste, qui illustre la fin du récit, avec l’orchestre au grand complet, le chœur, les bois et les solos vocaux, où chacun des thèmes principaux est exposé une dernière fois.
 
“Remember” La version de la chanson telle qu’elle apparaissait dans le film, avec une introduction vocale plus longue du solo de Tanja Tzarovska,  qui sera coupée pour la version de l’album original.
 
Bonus tracks :
“Armies Approach” La version du film, sans le chœur, mais avec les solos vocaux et les percussions.
 
Comme l’album paru chez Warner Sunset / Reprise records, la nouvelle édition d’Intrada s’achève sur la même version de la chanson « Remember » interprétée par Josh Groban sur la piste 14 qui clôture le disque 2.
Souviens-toi / Je serai toujours là / Aussi longtemps que tu me retiendras / dans ta mémoire
Souviens-toi / Quand tes rêves sont terminés / Le temps peut se transcender/
Je vivrai à jamais / Souviens-toi de moi / Souviens-toi de moi / Souviens-toi de moi…
 
Son œuvre vit à jamais. Nous nous souvenons de toi, James Horner.
 

 


Remerciements Roger Feigelson (Intrada)

Texte écrit par Olivier Soudé, Nick Martin et Jean-Baptiste Martin
Traduction: Olivier Soudé
Crédit photo : © Warner Bros Pictures
 

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